Au
moment où sort le film de Roman Polanski, The Ghost Writer,
adapté du roman de l’auteur britannique Robert Harris The
Ghost (L’homme de l’ombre) il s’avère que le
distributeur et le producteur délégué du film, qui n’ont pas osé
utiliser Le Nègre comme titre, semblent ne pas vouloir se
priver, curieusement, dans la version française et dans la
version originale sous-titrée d’utiliser le mot «nègre». C’est
un véritable scandale. La France est le seul pays au monde à
utiliser le mot «nègre» dans le sens d’esclave littéraire. Ce
terme, dont la connotation raciste est tellement qu’évidente que
plus personne n’ose l’utiliser au sens littéraire qu’avec des
guillemets, fait en effet allusion au statut d’esclave du
collaborateur surexploité qui fait le travail d’un autre. Il est
apparu au XVIIIe siècle, au moment où la France surexploitait
ses colonies en y déportant des millions d’Africains qui
mouraient en quelques années. En ce sens, il véhicule la
glorification la plus éhontée de l’esclavage et du racisme le
plus primaire, car l’expression «nègre littéraire» est également
un terme de mépris, correspondant au mépris qu’on vouait aux
esclaves et qui s’attache encore trop souvent aux personnes à la
peau noire, bien longtemps après que l’esclavage a été aboli.
L’expression «nègre» au sens de collaborateur littéraire a été
répandue en France en 1845 par Maison Alexandre Dumas & Cie,
fabrique de romans, un pamphlet raciste du prêtre défroqué
Jean-Baptiste Jacquot qui se faisait appeler Eugène de
Mirecourt. Ce texte ordurier et calomnieux, qui visait Alexandre
Dumas, a valu à son auteur, à la demande d’Alexandre Dumas,
d’être condamné à six mois de prison et à une forte amende,
alors que n’existait même pas encore le délit de diffamation à
caractère raciste. Mirecourt éprouvait évidemment une jouissance
particulière à utiliser le mot «nègre» à propos d’Alexandre
Dumas, homme à la peau colorée et fils d’esclave. On a vu
récemment réapparaître la même jouissance dans les textes de
journalistes racistes qui défendaient le recours à Gérard
Depardieu pour interpréter le rôle de Dumas et prenaient un
plaisir évident à colporter les thèses de Mirecourt selon
lesquelles Dumas n’aurait pas capable d’écrire ses livres sans
l’aide d’hommes à la peau blanche. On sait que ces débordements,
qui font appel aux instincts les plus abjects des Français, ont
eu pour effet direct de faire monter de plus de deux points les
intentions de vote pour le Front national aux élections
régionales. Ces dérives doivent à présent cesser. Près de dix
ans après que la France a déclaré l’esclavage crime contre
l’humanité, il n’est plus supportable que l’expression de
«nègre» soit encore utilisée au sens d’esclave dans un film
destiné au grand public, alors que l’usage est d’avoir désormais
recours au terme de «plume», de «collaborateur», d’écrivain
fantôme ou de «ghost writer». Il me semble qu’au XXIe siècle, il
est plus que temps de faire entrer dans la tête des Français que
le mot « nègre » ne peut plus, en aucun cas, être utilisé
impunément pour désigner un être humain qu’on exploite d’une
manière ou d’une autre et qui serait méprisé du fait de cette
exploitation. Je demande donc au producteur et au distributeur
du film The Ghost Writer d’appliquer aux sous-titres et à
la version française la même doctrine que celle qu’ils ont
appliquée au titre et de s’abstenir de véhiculer gratuitement en
France un racisme qui n’est pas dans l’esprit de l’œuvre dont
est tiré le film. Faute de rectification immédiate dans ce sens,
j’en appelle toutes celles et tous ceux qui luttent contre le
racisme a ne pas aller voir ce film et à lui appliquer le même
boycott qu’à L’Autre Dumas qui a été un échec
retentissant dès la première semaine.
Claude Ribbe,
écrivain,
Président de l'association des Amis du général Dumas
CONTINUEZ A SIGNER LA PETITION POUR QUE CESSE LE
MEPRIS RACISTE DE
LA FRANCE A L'EGARD DU PERE D'ALEXANDRE DUMAS, HEROS DE LA
REVOLUTION, GENERAL PRIVE DE LEGION D'HONNEUR DEPUIS 1802 POUR
DELIT DE NEGRITUDE !
DEJA PLUS DE 5100 SIGNATAIRES DANS LE MONDE
ENTIER